Technicien de production, Julien Perrier a rejoint l’équipe de Carbon Waters il y a quelques mois. Ce passionné de judo et de voyages nous explique quel a été son parcours, ce qui lui plaît chez Carbon Waters et sa vision de l’avenir. Rencontre.
Peux-tu nous parler de ta formation et de tes expériences précédant Carbon Waters ?
Julien Perrier : Je suis originaire de Bordeaux, où j’y ai réalisé mon BTS Métiers de la Chimie. Une fois diplômé, j’ai tout de suite intégré le monde du travail. Ça fait plus de 10 ans que je travaille dans la chimie. Je suis quelqu’un de très curieux, j’adore apprendre. Avant de rejoindre Carbon Waters, je souhaitais avoir une vision globale du travail en entreprise. C’est pourquoi j’ai enchaîné les contrats en agence d’intérim, sur des postes très différents et j’ai ainsi pu évoluer dans de multiples entreprises, principalement des grands groupes tels que Michelin, EDF ou Sanofi pour n’en citer que quelques-uns.
Et quelles sont tes compétences dans le domaine de la chimie ?
JP : Au fil de mes expériences, j’ai acquis des compétences dans plusieurs domaines : contrôle qualité, suivi de production, développement de procédés, maintenance des équipements, mais aussi scale-up, c’est-à-dire transposer un procédé de production labo à une plus grande échelle. Mon parcours a fait de moi un vrai « couteau-suisse » : je suis capable de m’adapter à n’importe quel environnement. Je pense que c’est ce qui a fait la différence auprès de Carbon Waters, qui m’a recruté au mois d’avril 2023.
Et de ton côté, pour quelles raisons as-tu souhaité rejoindre Carbon Waters ?
JP : Ce qui m’a plus dans l’annonce de Technicien de production, c’était surtout la possibilité de travailler en R&D, car Carbon Waters y consacre une grande partie de ses investissements, afin d’améliorer à la fois son process de production et ses dispersions de graphène. Avant Carbon Waters, je n’avais pas eu l’opportunité de m’investir sur ces sujets. Ici, j’ai la chance de pouvoir m’y former directement par le travail, tout en apportant mon savoir-faire sur d’autres points.
Peux-tu nous expliquer quel est ton quotidien chez Carbon Waters ?
JP : Chez Carbon Waters, j’ai une double casquette. D’un côté, je suis en charge, avec le reste de l’équipe, de la production des dispersions de graphène (OGD) nécessaires aux projets clients sur-mesure, ainsi que de la production de nos produits finis, qui constituent la gamme Graph’Up. De l’autre, je travaille sur l’amélioration et le développement du procédé de production.
En effet, Carbon Waters entame sa phase d’industrialisation par la construction d’une usine pilote semi-industrielle. Il faut donc préparer cette étape en étudiant les systèmes et outils qui seront les mieux adaptés. Toutes les équipes sont mobilisées sur ce projet d’envergure : Rym pour l’adaptation du procédé, Mahbub et Fabien pour la production, mais aussi Lucie et Thomas, les Responsables Applications. Passer d’un procédé « paillasse » à une production à l’échelle industrielle, ça ne se fait pas au hasard !
Qu’est-ce que tu apprécies chez Carbon Waters ?
JP : J’aime beaucoup l’état d’esprit de Carbon Waters, comme il s’agit d’une petite structure, chaque membre de l’équipe est accessible et on peut discuter de tout. Chacun peut donner son point de vue et ça rend les échanges très riches, complémentaires, surtout entre les équipes de production et R&D. De plus, cette souplesse permet de faire avancer les sujets rapidement, sans passer par de nombreux intermédiaires avant d’arriver à une prise de décision.
J’apprécie aussi beaucoup la confiance qui nous est accordée, que ce soit au niveau des horaires, dans le sens où l’on peut organiser son travail comme on le souhaite (à condition que ça n’entrave pas le travail de l’équipe bien sûr), et aussi la possibilité de travailler sur des sujets en parallèle de nos missions principales, pour lesquels on a un intérêt particulier. Par ailleurs, cette confiance se traduit aussi par des responsabilités. Par exemple, je peux assurer moi-même certains rendez-vous avec des fournisseurs d’équipements pour le futur pilote, chose qui ne serait jamais arrivée dans un grand groupe.
Comment envisages-tu ton avenir, au sein de Carbon Waters ou ailleurs ?
JP : D’ici quelques mois, j’aimerais reprendre des études et obtenir mon diplôme d’ingénieur en chimie. Cela me permettrait d’évoluer et de continuer à travailler sur des sujets de R&D, notamment le développement de procédé, mais en me challengeant davantage pour résoudre des problématiques difficiles. L’idéal pour moi, ce serait de réaliser une alternance chez Carbon Waters, car je souhaite continuer à prendre part à cette aventure et notamment à cette phase d’industrialisation, être présent de A à Z et apprendre énormément au passage. Quand on sait tout ce que le graphène peut apporter à l’industrie et au vu de la technicité de nos produits, on ne peut que vouloir participer à un tel projet.
Et en dehors de la chimie, quelles sont tes passions ?
JP : Je suis passionné de judo depuis des années. Ayant le goût de la transmission, j’ai même passé mon diplôme d’éducateur sportif il y a quelques années afin d’encadrer des jeunes, ce que je fais tous les soirs de la semaine. En plus de ça, je suis danseur de tango et participe de temps en temps à des spectacles. J’aime aussi la permaculture, le cinéma, et surtout, les voyages ! J’ai eu la chance de visiter une dizaine de pays, aux quatre coins du globe. C’est une vraie richesse que de pouvoir s’imprégner de cultures différentes de la nôtre et pouvoir échanger avec des étrangers, ça n’a pas de prix !
Depuis le début des années 1990, les éoliennes, ces moulins à vent modernes qui transforment l’énergie du vent en électricité, sont de plus en plus nombreuses à fleurir dans nos paysages.
Le marché de l’éolienne prend de l’ampleur, dans le cadre de la transition énergétique, afin de proposer une énergie plus verte dont l’impact environnemental est maîtrisé. Selon l’Ademe, cette source d’énergie serait l’une des moins polluantes tout au long de son cycle de vie.
Cependant, le secteur fait face à certaines difficultés, notamment la durée de vie et le recyclage de certains composants des éoliennes. Carbon Waters fait le point.
Des bénéfices environnementaux non négligeables grâce aux éoliennes
Si les parcs éoliens se multiplient, comptant pour près de 10% de la production totale d’électricité en France par exemple, c’est évidemment dans l’objectif de développer les sources d’énergie renouvelable.
Qu’elle soit onshore (terrestre) ou offshore (en mer), une éolienne de 2 MW produit en moyenne 4200 MWh par an, correspondant à la consommation électrique moyenne d’environ 800 ménages en France.
De plus, selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), l’énergie éolienne contribue à réduire significativement les émissions de CO2. En 2020, ce sont ainsi près de 170 millions de tonnes de gaz à effet de serre qui ont été évitées grâce à l’éolien.
Cette source d’énergie permet de produire de l’électricité sans polluer l’environnement, préservant ainsi la faune et la flore, à la différence d’autres types de production énergétique telles que le nucléaire ou le gaz.
Les problématiques du secteur éolien
Malgré tous ces avantages et le boom du secteur, celui-ci est cependant en proie à deux difficultés, directement liées à la fin de vie des composants :
- La recyclabilité des pales : les matériaux composites (fibres de verre et de carbone mélangées dans des résines époxy ou polyester) utilisés actuellement ne sont pas recyclables
- La fragilité des composites utilisés pour les éoliennes en mer
Sur le premier point, des industriels (Siemens Energy, Arkema) travaillent sur la production de résines recyclables pour les pales d’éoliennes offshore. Siemens Gamesa, filiale du groupe Siemens Energy dédié à l’éolien, propose déjà des solutions à travers sa gamme RecyclableBlade. L’affaire semble en revanche plus complexe pour les éoliennes terrestres, construites en deux parties et dont le joint de colle poserait problème en termes de recyclabilité.

Concernant la fragilité des composites des équipements en mer, l’actualité en témoigne directement. Récemment, Siemens Gamesa a connu des pertes financières très importantes. La cause ? Des problèmes techniques, principalement des défauts de qualité des pales, ayant entrainé des fractures. Le deuxième fabricant mondial d’éoliennes a ainsi annoncé que 15 à 30% du parc éolien serait affecté, soit plus de 30GW d’éolienne, représentant des pertes de près de 3 milliards de dollars. Les actions du groupe ont d’ailleurs chuté en bourse de plus de 30%.
Le graphène comme solution pour renforcer les éoliennes et prolonger leur durée de vie
Afin de palier au problème de qualité des éoliennes en mer, étant par définition soumises à des conditions sévères, des solutions peuvent être adoptées pour préserver l’intégrité des matériaux qui les composent.
Pour renforcer la solidité des pales d’éoliennes faites à partir de matériaux composites tout en offrant une grande légèreté, le graphène se place comme le matériau idéal.
Le carbone a d’ailleurs déjà démontré son efficacité sur ces deux aspects, comme en atteste une étude réalisée par l’Université américaine de Case Western. Les pales renforcées avec des nanotubes de carbone seraient 8 fois plus résistantes que les pales traditionnelles et bien plus légères, permettant de diminuer la charge sur les turbines.
Pour les équipements offshore, le facteur anticorrosion est également à prendre en compte. Là encore, le graphène, grâce à ses excellentes propriétés barrières, permet de protéger les matériaux de l’oxydation.
Sous forme d’additif, il peut être directement intégré dans la résine lors de la fabrication des pales d’éoliennes. Mieux protégés, les matériaux bénéficient ainsi d’une plus grande durée de vie. Intégrées dans les composites des éoliennes, ces solutions permettraient de diminuer le renouvellement de certains parcs éoliens et ainsi de réaliser des économies significatives au niveau de la maintenance.
Graph’Up : des additifs de performance à base de graphène adaptés au secteur éolien
Suite à plusieurs années de développement en lien avec des industriels spécialisés dans les polymères et les composites, Carbon Waters a développé une gamme d’additifs de performance à base de graphène répondant directement à ces enjeux.
Ainsi, les tests réalisés sur cette gamme Graph’Up dédiée mettent en évidence une très forte amélioration des propriétés mécaniques des polymères thermodurcissables (époxys), y compris à faible concentration :
- +30% en traction et résistance à la déformation
- +50% en rigidité
- +30°C en tenue en température (plus d’informations sur demande).
Par ailleurs, une phase de qualification est lancée auprès de plusieurs entreprises européennes notamment pour des applications dans le domaine de l’éolien. De plus, Carbon Waters a initié une collaboration R&D avec une entreprise leader des polymères de spécialités. L’objectif est de mettre en œuvre cette gamme d’additifs dans une famille très particulière de polymères répondant aux enjeux de recyclabilité des composites utilisés dans la filière éolienne.
Le 28 septembre dernier s’est tenu à Paris l’évènement INFINIMAT organisé par Carbon Waters pour la troisième année consécutive.
Pour l’occasion, ce sont une vingtaine de participants qui se sont retrouvés à l’Espace Vinci pour profiter de quatre conférences exclusives autour du graphène et de ses opportunités pour l’industrie.
Bilan.
Qu’est-ce qu’INFINIMAT ?
INFINIMAT, « l’horizon infini des matériaux », est un évènement créé par Carbon Waters pour la première fois en 2021. Il s’agit d’une demi-journée consacrée au graphène et à ses possibilités d’applications industrielles. Autour de conférences et de temps d’échanges conviviaux, INFINIMAT rassemble des professionnels de divers secteurs d’activité (automobile, aéronautique, spatial, énergie, etc.) intéressés par les propriétés du graphène et la gamme d’additifs de performance proposée par Carbon Waters.
Un programme complet : graphène, opportunités industrielles, témoignage et roadmap Carbon Waters
Cette nouvelle édition s’est articulée autour de quatre prises de parole, animées par des industriels et des membres de Carbon Waters.
Nicolas Castet, COO de Carbon Waters, a ouvert le bal avec une conférence dédiée au marché du graphène ainsi qu’aux additifs de performance Graph’Up.
En effet, cette intervention a permis de présenter en exclusivité aux participants d’INFINIMAT la gamme Graph’Up, entre produits déjà disponibles et nouveautés à venir dans les prochains mois / années. L’objectif est de proposer une gamme complète de solutions performantes pour de nombreuses applications industrielles afin d’améliorer les propriétés des matériaux (protection, renforcement mécanique et thermique, conductivité électrique et thermique).
Patrick Maestro, ancien directeur scientifique de Solvay a ensuite fait part de son expertise sur le marché des polymères et composites et comment le graphène peut en optimiser les propriétés. Il a pu présenter les résultats de divers tests menés avec des additifs Graph’Up : propriétés mécaniques, conductivité thermique et électrique, température de transition vitreuse.
Suite à cela, Lucie Chupin, Responsable R&D Carbon Waters et Hugues Lemaire, directeur technique AD Industries ont présenté les résultats de leur collaboration « Adhésifs thermiques pour le spatial« . Soutenu par le CNES, le projet a porté sur le développement d’adhésifs conducteurs de chaleur enrichis en graphène pour les assemblages composites dissipateurs d’énergie produits par AD Industries.
Pour conclure la matinée, le CEO de Carbon Waters, Alban Chesneau, a exposé la stratégie business et commerciale de Carbon Waters pour les trois prochaines années. Il est notamment revenu sur le projet d’industrialisation de la production en cours, qui devrait aboutir en 2024-2025 par la construction d’une usine pilote près des locaux de l’entreprise, à Pessac.
Rendez-vous l’année prochaine !
L’équipe de Carbon Waters remercie tous les participants d’avoir fait le déplacement et surtout pour la qualité des échanges qu’ils nous ont offert durant cette journée.
Nous vous disons à l’année prochaine pour une quatrième édition !
En attendant, contactez-nous pour toute demande propre au graphène et à ses propriétés.
Alain Pénicaud, Directeur de Recherche au CRPP, est étroitement lié à Carbon Waters. Co-fondateur de la société, actionnaire, directeur de thèse et conseiller, il revient dans cette interview sur son parcours et la création de Carbon Waters, en nous donnant sa vision et ses espoirs pour le futur de l’entreprise.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Alain Pénicaud : Je suis Directeur de Recherche au CNRS où j’ai commencé ma carrière en 1988. Je suis un pur produit universitaire et fier de l’être. Je travaille au Centre de Recherche Paul Pascal à Pessac depuis 1996.
J’ai eu la chance de partir en post-doctorat juste au moment où a été découvert la molécule de C60 aussi appelée fullerène. C’est un collègue de l’université de Santa Barbara qui nous l’a présentée en expliquant qu’on pouvait lui ajouter des électrons pour en faire un anion. Cela m’a tout de suite passionné : je souhaitais faire partie des premiers passagers du train en investiguant le sujet. C’est pour cette raison que j’ai décidé de consacrer mon postdoc au C60.
Par la suite, je me suis intéressé aux nanotubes de carbone, puis au graphène lors de sa découverte. Pour résumer, toutes les « étrangetés » dans le monde de la chimie autour du carbone sont ce qui me passionnent : le C60, les nanotubes de carbone, et enfin le graphène.
Comment avez-vous contribué à la création de Carbon Waters ?
AP : Avec Carlos Drummond, nous avons consacré plusieurs années de travail sur l’isolation du graphène par la méthode top-down d’exfoliation chimique. En fait, l’histoire de Carbon Waters est l’aboutissement d’un long processus de recherche très fondamental.
Au début des années 2000, j’avais l’idée qu’un sel de nanotubes de carbone, c’est à dire un nanotube de carbone chargé négativement, pourrait être soluble, contrairement à un nanotube de carbone neutre. Pierre Petit, Directeur de Recherche à l’Institut Charles Sadron de Strasbourg, avait synthétisé des sels de nanotube de carbone et m’en a envoyé. Nous avons tenté l’expérience, notamment avec Brigitte Vigolo et Eric Anglaret (de l’Université de Montpellier) et ça a marché !
Par la suite, j’ai voulu tester la même chose avec le graphite. Le graphène ayant tout juste été découvert, je voulais faire partie des pionniers sur la recherche autour de ce nouveau matériau et notamment sur son processus de fabrication. Avec Cristina Vallés, puis Amélie Catheline et le soutien de Carlos, nous avons été les premiers à réaliser des solutions de graphénure !
Le système était complexe, puisque nous devions travailler dans une atmosphère inerte, sans oxygène ni humidité, en boîte à gants. Ensuite, il fallait pouvoir obtenir une solution stable, y compris en atmosphère ambiante. Grâce aux idées de Carlos et la ténacité de George Bepete, nous y sommes parvenus !
Et comment êtes-vous passé du stade de la recherche à l’entreprise ?
AP : Quand nous avons pris conscience du potentiel de ces dispersions de graphène stables dans l’eau, nous avons compris que cette innovation pouvait révolutionner le monde de l’industrie. Mais pour cela, il fallait franchir le cap et créer une structure d’entreprise.
Carbon Waters, c’est une histoire de sciences, certes, mais c’est aussi une histoire de personnes. C’est vraiment notre rencontre avec Alban Chesneau qui a tout changé. De plus en plus motivé et convaincu par le projet, il nous a aidé à nous lancer dans cette phase d’entreprenariat puis a pleinement assumé la responsabilité du projet en créant la start-up Carbon Waters fin 2017.
Aujourd’hui, vous restez proche de Carbon Waters et de son équipe ?
AP : Tout à fait. En plus d’avoir co-fondé la société, j’en fais toujours partie en tant qu’actionnaire, aux côtés notamment de Carlos et d’Alban. De plus, après demande au service de déontologie du CNRS, je suis autorisé à consacrer 20% de mon temps à Carbon Waters pour conseiller l’équipe sur divers sujets. Par exemple, je peux accompagner Rym sur des sujets qui touchent à la technologie et au procédé, mais aussi Thomas sur des questions autour de la stabilisation du graphène dans différents solvants.
Vous êtes également directeur de thèse ?
AP : En effet, avec Carlos, nous accompagnons Luna dans sa thèse CIFRE. Son sujet porte sur la stabilisation du graphène dans l’eau, et notamment sur la compréhension de ce phénomène. Un sujet hautement intéressant et important, pour la recherche comme pour Carbon Waters, mais qui nécessite beaucoup de temps. C’est là tout l’intérêt d’avoir une doctorante qui s’y consacre pleinement, car l’équipe technique Carbon Waters est déjà bien chargée en termes de R&D, de production et d’enrichissements.
Comment voyez-vous Carbon Waters aujourd’hui ?
AP : Aujourd’hui je suis bluffé par ce qu’est devenue Carbon Waters : 17 personnes dans l’équipe, une seconde levée de fonds, des contacts de plus en plus nombreux pour réaliser des études sur des applications industrielles… Au tout début de l’histoire, on n’imaginait pas que tout cela allait arriver !
Je suis très heureux de faire partie de cette belle société, qui a su garder la tête sur les épaules depuis le départ, grâce à Alban. Ça permet d’avancer doucement, mais sûrement, et c’est beaucoup plus sain pour une entreprise. Un extraordinaire savoir-faire s’est développé chez Carbon Waters, savoir-faire qui a toujours perduré malgré les arrivées et les départs dans l’entreprise. Luna a par exemple su produire de l’eau de graphène en à peine deux mois, grâce à la grande expertise de l’équipe !
Je suis également fier de voir Carbon Waters évoluer. Elle commence à être bien reconnue au niveau mondial également, ça permet de mettre en avant le savoir-faire et la fabrication française.
Comment envisagez-vous la suite pour Carbon Waters ?
AP : Ce que j’espère, c’est que Carbon Waters fournisse toujours plus de fabricants de revêtements, de peintures, en solutions « propres » grâce à ses produits à base de graphène. Aujourd’hui, trop d’additifs contenant du chrome sont utilisés pour l’anticorrosion, une véritable catastrophe environnementale ! On peut protéger beaucoup de matériaux grâce au graphène, il y a encore des progrès à faire du point de vue écologique.
Il y a aussi des ressources existantes pour utiliser du graphite issu de l’économie circulaire, que Carbon Waters est déjà en train d’étudier. Elle porte en elle cette vision d’un monde industriel plus « vert » et met en place de plus en plus d’actions pour y contribuer, un autre aspect que j’apprécie beaucoup dans l’entreprise.
Les experts mondiaux du graphène se sont donnés rendez-vous en juin dernier à Manchester pour la 13ème édition de la Graphene Conference, Un des évènements les plus importants autour du graphène et des matériaux 2D.
Dr. Rym Soltani, Responsable Procédés chez Carbon Waters, nous dresse le bilan de cet évènement, au cours duquel elle a échangé avec de nombreux chercheurs et industriels et a présenté Carbon Waters, ses objectifs et ses applications industrielles les plus pertinentes.
Le rendez-vous incontournable de la communauté du graphène
Du 27 au 30 juin derniers, plusieurs centaines de personnes étaient présents à La Graphene Conference 2023, événement auquel participe Carbon Waters depuis 2019.
« Cette année, des sujets fondamentaux sur la chimie des matériaux 2D ont principalement été abordés (théorie et simulation, techniques de synthèse, caractérisation avancée et propriétés), avance Rym Soltani. A titre d’exemple, les deux conférences données par Andre Geim et Konstantin Novoselov, les scientifiques qui ont remporté le Prix Nobel de Physique en 2010 pour leurs travaux révolutionnaires sur le graphène, ont fait se déplacer la foule en masse ! J’ai aussi perçu un intérêt marqué pour des sujets applicatifs sur les matériaux 2D pour des applications en électronique, en énergie et en photonique-optoélectronique-plasmonique. »
Une mise en lumière de Carbon Waters et de ses additifs de performance à base de graphène
Lors du Forum Industriel qui s’est tenu sur deux jours, Rym Soltani a eu l’honneur d’animer une conférence, autour du sujet : « Liquid graphene dispersions: formulation of a multipurpose additive ».
Elle nous fait part du contenu de sa prise de parole : « J’ai présenté Carbon Waters, notre procédé unique de production de graphène par exfoliation mécano-chimique, ainsi que ses avantages. Le tour de force, c’est de produire du graphène en suspension, stable et sous forme liquide, plutôt qu’en poudre. De quoi avoir un impact environnemental limité.
J’ai également mis l’accent sur les diverses possibilités d’applications en industrie en présentant quelques exemples de nos réalisations et les résultats obtenus. Enfin, j’ai pu exposer les objectifs de Carbon Waters a court, moyen et long terme, avec notamment la montée en échelle de nos capacités de production, qui passe par la mise en place d’une première unité pilote industriel. »
Une conférence qui a suscité l’intérêt des visiteurs, donnant lieu à de nombreux échanges, avec des questions autour de la qualité des produits Carbon Waters, les avantages de son procédé et les applications industrielles.
Des rencontres prometteuses pour l’avenir
« Grâce à cet évènement international qui a réuni des spécialistes du graphène venus des quatre coins du monde, nous avons pu accroître notre visibilité, indique la Responsable Procédés de Carbon Waters. Que ce soit via notre conférence, les sessions posters ou encore les workshops, déjeuners et dîners, cette édition a été très riche en échanges avec les chercheurs et les industriels. Il nous a permis d’élargir notre réseau de contacts, avec de potentielles collaborations à venir ! »
Startup engagée et responsable dès sa création, Carbon Waters passe à la vitesse supérieure, avec la mise en œuvre d’une politique RSE volontariste et structurée. Pour Alban Chesneau et son équipe, le développement durable est une brique essentielle permettant de répondre aux nouveaux enjeux énergétiques, écologiques et économiques.
Alors que Carbon Waters amorce un nouveau virage avec le lancement de sa phase industrielle, la startup affirme en parallèle ses ambitions durables, en initiant une démarche RSE structurée. « La question de notre responsabilité sociale, environnementale et sociétale doit être soulevée dès à présent, et doit devenir le fil conducteur de notre modèle industriel », explique Charlotte Gallois.
Mesurer l’impact environnemental
Dans un premier temps, Carbon Waters entend se mobiliser sur le Scope 1, en vue de mesurer l’empreinte carbone totale générée par la startup. « Puis nous irons investiguer le Scope 2, qui se concentre sur les consommations énergétiques nécessaires à la production du graphène et de nos additifs, afin d’évaluer la consommation globale de l’entreprise », détaille Charlotte Gallois. A moyen terme, Carbon Waters se mobilisera sur le Scope 3, englobant l’ensemble de la chaîne de valeur : achat de la matière première, transport, supply chain, gestion des déchets, valorisation… « Afin d’affiner notre vision, nous avons l’ambition de mettre en place l’analyse du cycle de vie (ACV) sur nos prochains produits, indique Charlotte Gallois. Cette nouvelle posture RSE demande également une sensibilisation des équipes, avec le déploiement de bonnes pratiques. Nous venons ainsi d’élaborer une charte d’usages sur les consommations (eau, électricité) et la mobilité (transport domicile-travail, déplacement professionnel…) afin que chacun devienne acteur de la RSE. »
Respect des droits humains et du travail
Outre les enjeux de développement durable liés à la consommation énergétique, Carbon Waters entend s’aligner sur les grands principes du Global Compact des Nations Unis. « Nous serons très vigilants à l’égard de nos fournisseurs et de leurs distributeurs, qui devront être exemplaires en matière de respect des droits humains et du travail », détaille Charlotte Gallois.
La startup s’engage également à lutter contre toute forme de discrimination et à promouvoir l’égalité hommes femmes dans ses processus de recrutement et de collaboration. Soucieux du bien-être de ses collaborateurs, Carbon Waters entend également mener des actions fortes pour favoriser la Qualité de Vie au travail (QVT). « Sur un autre registre, nous avons à cœur de sensibiliser les jeunes aux métiers de la chimie avec une volonté forte de participer à de nombreux forums et échanges avec les étudiants. »
Un projet au long cours
Pour mettre en œuvre cette feuille de route ambitieuse, des collaborateurs référents vont être nommés afin de définir les grands objectifs et leurs périmètres. « C’est un projet au long cours, il est donc primordial de bien cibler les actions à mettre en place et les indicateurs à prendre en compte, estime Charlotte Gallois. Nous avons déjà commencé à identifier différents partenaires locaux et nationaux pour nous accompagner dans cette démarche. Notre objectif est clair : obtenir une labellisation ou une reconnaissance à moyen termes, témoignant de notre engagement RSE, par des preuves et des actions quantifiables. »
Dépôt chimique en phase vapeur : le procédé
Le dépôt chimique en phase vapeur (CVD) est la seule méthode de production de graphène bottom-up utilisée en environnement industriel.
Dans ce procédé, des gaz contenant du carbone, tel que le méthane, sont mis en contact avec une surface métallique à des températures élevées (1000°C) et sous haute pression. La structure en nid d’abeille du graphène se forme ensuite sur le substrat métallique, qui fait office de catalyseur.
Avantages et inconvénients
Bien que la qualité du graphène ainsi produit soit excellente, puisqu’il s’agit essentiellement de graphène monocouche (SLG) avec très peu de groupes fonctionnels ou de défauts, cette méthode de production présente certains inconvénients.
Premièrement, la technologie industrielle actuelle est encore limitée concernant la taille de la surface de graphène et la quantité produite. Deuxièmement, le graphène obtenu doit être transféré de la surface métallique au substrat cible.
Enfin, les méthodes couramment utilisées impliquent des processus de transfert chimique par voie humide pouvant détériorer le produit. De nombreuses recherches sont aujourd’hui consacrées à l’amélioration de ces techniques.
Que retenir du dépôt chimique en phase vapeur (CVD) ?
Le graphène obtenu par CVD présente de très bonnes propriétés, mais sa taille et sa polyvalence sont limitées. Son intégration dans des applications spécifiques est encore très difficile. Aujourd’hui, cette méthode est principalement utilisée en microélectronique.