A 30 ans, Rym Soltani vient de rejoindre Carbon Waters en tant que Responsable R&D Procédés. Passionnée par la chimie depuis son plus jeune âge, cette doctorante a préféré quitter la recherche académique pour s’inscrire dans une logique de R&D appliquée. Rencontre avec une passionnée des sciences et du nanomonde !
Avant de rejoindre Carbon Waters en août 2022, vous aviez un profil plutôt académique, axé sur la recherche médicale…
Rym Soltani : C’est exact, et les deux approches me semblent très complémentaires ! J’ai toujours été fascinée par le monde des sciences et plus particulièrement celui de la chimie. Titulaire d’un master 2 en chimie organique et après un stage de M2 en laboratoire sur les nanoparticules à visée thérapeutique, je souhaitais poursuivre mes études universitaires par une thèse sur l’utilisation des nanoparticules dans la recherche biomédicale. Mais en Algérie, les opportunités sont rares… Alors, j’ai postulé pour l’obtention d’une bourse à l’université de Strasbourg. Un défi relevé avec succès, puisque j’ai commencé ma thèse en 2018, sous la direction du Docteur Alberto Bianco, directeur de recherche à l’Institut de Biologie Moléculaire et Cellulaire à Strasbourg.
Mon sujet de recherche portait sur « la fonctionnalisation chimique de nanotubes de carbone pour des applications en cancer et maladies inflammatoires » où j’ai été chargée de greffer – par plusieurs méthodes préalablement optimisées – des anticorps et toutes autres molécules d’intérêt à la surface des cylindres de graphène, et de les caractériser par diverses techniques. Pour mener à bien tous mes travaux de recherche, j’ai collaboré avec des équipes de biologistes qui ont réalisé des expériences in vitro et in vivo, afin d’observer le comportement des nanomatériaux et de valider leur efficacité. Au cours de mes études, j’ai pu également me former sur de nombreuses technologies de pointe, et renforcer mes compétences transversales telles que l’organisation et la gestion de projet. J’ai finalement soutenu ma thèse en mars 2022… mais après mûres réflexions, j’ai eu envie de faire une petite incursion dans la recherche appliquée, plus concrète et accessible.
Pourquoi ce choix ?
RS : Ces 3 ans de recherches académiques m’ont énormément nourrie, mais j’avais envie de sortir de ma zone de confort et de me confronter au terrain. Carbon Waters répondait parfaitement à mes attentes et mes champs d’expertise, puisque la startup est spécialisée dans le graphène, un matériau révolutionnaire et prometteur que je connais bien grâce à mes travaux de doctorat. Par ses propriétés mécaniques, thermiques, électriques et ses qualités anticorrosion, il offre un immense potentiel dans plusieurs secteurs, et j’avais envie d’investiguer ces nouveaux champs applicatifs.
Quelles sont vos différentes missions au sein de Carbon Waters ?
RS : Dans les grandes lignes, il s’agit d’optimiser le procédé de production de dispersion de graphène. C’est un enjeu majeur si nous voulons réussir notre scale-up et passer à l’échelle industrielle. Au quotidien, je mène de nombreux essais, qui visent à mieux comprendre et à améliorer chaque étape de notre procédé actuel. Ces actions de contrôle et de vérification s’inscrivent dans une boucle d’apprentissage vertueuse, permettant de faire varier les paramètres, en vue d’améliorer la performance, le rendement et la qualité de nos produits tout au long de la chaîne de production.
Avec mon équipe, composée de deux techniciens et d’une doctorante, nous menons aussi de nombreuses expérimentations en laboratoire, où nous travaillons en boîte à gants, sous atmosphère inerte, nos produits étant sensibles à l’oxygène et l’humidité. Nous allons donc modifier toutes sortes de paramètres (températures, concentration du produit, technique de synthèse utilisée, etc.) pour observer l’impact de ces changements sur le procédé. Grâce à nos études nous avons pu ajuster notre protocole en éliminant et modifiant des facteurs sans impact sur la production et la qualité du graphène mais nous ont permis de gagner en productivité et confort de travail.
Graphène mis à part, quels sont vos autres centres d’intérêt ?
J’ai deux passions : la pâtisserie et les voyages ! Pour moi, la pâtisserie se rapproche beaucoup de la chimie, car il faut être précis, appliqué, et patient ! Ma spécialité ? La baklawa, un feuilleté de pâte et d’amandes enrobé de miel. Récemment, j’ai confectionné mes premiers macarons, et j’adore également réaliser des entremets et des préparations pâtissières très esthétiques et originales. Lorsque je pars en voyage, je ne manque jamais de goûter aux spécialités locales ! J’ai visité de nombreux pays en Europe et en Asie, dont la Turquie et la Malaisie. Mon rêve d’enfant ? C’est de m’envoler pour les États-Unis, mon « American dream », et de flâner dans les rues de New York, à la découverte de ses plus beaux gratte-ciels !