« Chaque rencontre vous donne l’opportunité de grandir », rencontre avec Marianne Abib-Pech

« Chaque rencontre vous donne l’opportunité de grandir », rencontre avec Marianne Abib-Pech Portraits 18 décembre 2023

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Femme d’affaires internationale, experte en finance, auteure et dirigeante d’entreprise, Marianne Abib-Pech affiche une carrière impressionnante. Membre du board Carbon Waters depuis un peu plus d’un an, elle revient sur ses expériences professionnelles et nous explique comment elle met son expertise au service de Carbon Waters. Rencontre.

Vous affichez une carrière impressionnante, pouvez-vous revenir sur les débuts de votre vie professionnelle ?

Marianne Abib-Pech : J’ai quitté la France il y a presque 30 ans afin d’étudier au Royaume-Uni, ce qui a dicté le reste de ma carrière, presque exclusivement internationale.

J’ai la chance d’avoir eu plusieurs vies professionnelles : une en finance dans de grands groupes internationaux, une plus créative en tant qu’auteure et la dernière en tant qu’entrepreneur-investisseur, qui combine la créativité de l’écriture et la rigueur financière.

J’ai commencé ma carrière en entreprise dans des groupes internationaux à forte culture d’entreprise : Arthur Andersen, Motorola, General Electric et enfin Shell International Petroleum dans la Division Aviation. Cette dernière expérience de CFO d’une division mondiale en pleine transformation m’a énormément apporté, puisqu’en l’espace de quatre ans, nous avons dû refondre complétement le business model afin de maximiser les résultats financiers, soit 20B$ de revenus annuels, tout en réduisant de manière significative notre empreinte, en passant de 90 pays à 75.

Vous étiez l’une des seules femmes à un poste stratégique en finance ?

MAP : Je ne pense pas que j’aie été la seule mais l’une des quelques femmes en Finance du groupe, dans la mouvance de Jessica Uhl, qui est d’ailleurs devenue CFO du groupe par la suite.

Le sujet de la diversité et des femmes en leadership en était à ses balbutiements et cette expérience a forgé mon style de leadership ainsi que ma réflexion sur la valeur de la diversité dans le monde des affaires.

En outre, évoluer dans le secteur pétrolier m’a permis de développer une approche extrêmement macro et géopolitique des affaires et de la croissance : la notion d’arbitrage et la recherche de création de valeur, à la fois immédiate et à long terme. Cela a bouleversé ma façon de voir le monde.

Vous êtes également l’auteure de The Financial Times Guide to Leadership, pouvez-vous nous en dire plus ? 

MAP : L’écriture a toujours eu une place dans ma vie, plus ou moins publique et plus ou moins assumée ! Je suis devenue la CFO Global de Shell Aviation à 35 ans et ai ressenti comme une crise existentielle.

J’avais l’impression d’avoir déjà « atteint un plafond », je me suis demandé quelle pourrait être l’étape suivante en tant que femme dans une industrie plutôt masculine. J’ai vraiment cherché un livre sur le sujet des femmes en leadership, mais l’offre était assez limitée et rien ne correspondait pleinement à mes attentes. J’ai donc décidé d’écrire ce livre moi-même, en allant à la rencontre de femmes emblématiques telles que Clara Gaymard, Mercedes Erra, ou encore Estelle Clark qui était à cette époque la seule femme au COMEX de Lloyds Register. Ces rencontres et ces entretiens ont constitué une formidable opportunité d’apprendre, de réfléchir, de m’enrichir… et j’ai alors eu à cœur de publier ce livre !

Grâce au hasard des rencontres et à mon réseau, mon projet de livre a finalement atterri sur le bureau de la maison d’édition du Financial Times, Pearsons, qui m’a gentiment fait comprendre que le sujet des femmes n’était pas encore « vendeur », un peu trop en avance ! A la place, elle m’a proposé d’écrire un livre plus générique sur le leadership. Cela m’a paru une très bonne opportunité de planter des graines sur la diversité, ce que j’ai alors fait.

J’ai encore le manuscrit du livre exclusivement sur les femmes que je publierai peut-être un jour !

Vous avez ensuite monté votre propre entreprise ?

MAP : Et oui, le bug entrepreneurial m’a rattrapée, et j’ai commencé ma troisième vie (rires), dans une voie assez classique au vu de mon expérience en finance, puisque j’ai cofondé une société de fusion-acquisition.

Cette société a été créée sous un angle qui en a surpris plus d’un, puisque nous avons décidé de prendre un pari sur l’Iran dans un contexte international très spécifique : Obama, le printemps arabe, les interrogations sur la longévité du monde du pétrole…

Nous avons fait plusieurs voyages dans le pays – avant le Plan d’Action Conjoint (accord préliminaire de Genève sur le programme nucléaire iranien, ndlr) – pour comprendre les besoins, rencontrer les différents écosystèmes publics, privés, etc. Notre approche était assez humble : comprendre, apprendre et aider !

Nos voyages nous ont permis d’établir une stratégie ancrée sur le tourisme et, plus précisément compte tenu de mon passé en aviation, le catering en aviation et l’éducation, pour toucher les 65% de la population locale de moins de 35 ans.

Nous avons donc, entre autres, accompagné un groupe français de catering et la branche éducation du groupe d’un chef étoilé dans leur développement par acquisition et partenariats dans le pays.

Et comment en êtes-vous arrivée à l’accompagnement de startups ?

MAP : Lorsque vous prenez la décision de commencer une activité dans les marchés frontiers vous êtes tributaires d’éléments complètement hors de votre contrôle, pour pallier au potentiel risque financier associé à ce type de pays, de régions !

Nous avions décidé d’allouer une partie des ressources à des activités de M&A (Merger & Acquisition, ndlr) pour startups plutôt européennes, qui selon nous, ne passeraient pas les fourches caudines de capital-risque et autres investisseurs institutionnels, mais dont le produit ou la proposition de valeur pouvaient être pertinents pour des grands groupes, via acquisition donc.

J’investissais déjà en tant qu’angel, actif voire même très actif, dans des startups technologiques innovantes… Venant du monde des grands groupes, l’idée de cette deuxième ligne de business est apparue naturellement.

Pouvez-vous nous parler du fonds d’investissement Transitions First ?

MAP : Transitions First n’est que l’évolution naturelle de l’activité de l’accompagnement de startups. Depuis deux ans je m’intéresse et je travaille sur le sujet des startups industrielles et notamment la montée en échelle, qui reste une véritable problématique.

Dans une réflexion plus macro : la souveraineté économique est désormais admise comme prioritaire ; la nécessaire transformation industrielle, pour répondre au challenge du climat, exige la mobilisation et la convergence de tous les acteurs (financiers, secteur public ou privé, français, européens, internationaux) et un capital-risque véritablement industriel doit émerger…

C’est le cœur de la thèse de Transitions First. Nous sommes un fonds de venture capital early stage dédié à l’accélération de la transition industrielle dont la volonté est de reconstruire des chaînes de production, locales et durables, en finançant la montée en échelle des startups deep tech industrielles. Nous souhaitons accompagner des pépites issues des écosystèmes d’innovation les plus prestigieux : la Silicon Valley, l’Europe et Israël -ou je réside depuis cinq ans- vers le succès… et l’impact.

Ce projet est né, encore une fois, de rencontres et d’opportunités ! Mon business partner est un des membres fondateurs de l’incubateur de la prestigieuse UC Berkeley, la startup université ! Notre thèse a trouvé une résonnance immédiate auprès des groupes internationaux tels que le géant sud-coréen SK Networks et la holding d’investissement japonaise Real Tech Holdings.

Carbon Waters est pile notre cible et une de nos futures pépites 

Justement, comment avez-vous découvert Carbon Waters ?

MAP : J’ai fait la connaissance d’Alban Chesneau et de Carbon Waters il y a un peu plus d’un an et j’ai investi à titre personnel.

J’ai été séduite par la proposition de valeur, l’innovation et surtout par la vision et la personnalité d’Alban Chesneau, le CEO. J’avais envie de l’aider à réussir son pari de créer une entreprise capable d’exploiter le graphène pour répondre aux grands enjeux de la durabilité dans l’industrie d’aujourd’hui et de demain.

Comment accompagnez-vous Carbon Waters aujourd’hui ?

MAP : Je fais partie du comité stratégique de Carbon Waters. J’apporte mon expertise à la fois, bien évidemment, sur la partie finance (Equity story, Capex story, etc.) mais aussi sur le business model et la croissance à l’international.

J’apprécie énormément la relation avec Carbon Waters et surtout de travailler avec Alban. Son potentiel et son humilité en tant que leader sont rares et rafraîchissantes. C’est quelqu’un qui sait ce qu’il fait et sait trouver la voie pour arriver où il le souhaite, j’apprends aussi beaucoup à son contact. C’est un réel plaisir que d’accompagner la startup dans sa montée en échelle !

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