« Des solutions industrielles « propres » grâce au graphène Carbon Waters »

« Des solutions industrielles « propres » grâce au graphène Carbon Waters » Portraits 29 septembre 2023

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Alain Pénicaud, Directeur de Recherche au CRPP, est étroitement lié à Carbon Waters. Co-fondateur de la société, actionnaire, directeur de thèse et conseiller, il revient dans cette interview sur son parcours et la création de Carbon Waters, en nous donnant sa vision et ses espoirs pour le futur de l’entreprise.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Alain Pénicaud : Je suis Directeur de Recherche au CNRS où j’ai commencé ma carrière en 1988. Je suis un pur produit universitaire et fier de l’être. Je travaille au Centre de Recherche Paul Pascal à Pessac depuis 1996.
J’ai eu la chance de partir en post-doctorat juste au moment où a été découvert la molécule de C60 aussi appelée fullerène. C’est un collègue de l’université de Santa Barbara qui nous l’a présentée en expliquant qu’on pouvait lui ajouter des électrons pour en faire un anion. Cela m’a tout de suite passionné : je souhaitais faire partie des premiers passagers du train en investiguant le sujet. C’est pour cette raison que j’ai décidé de consacrer mon postdoc au C60.

Par la suite, je me suis intéressé aux nanotubes de carbone, puis au graphène lors de sa découverte. Pour résumer, toutes les « étrangetés » dans le monde de la chimie autour du carbone sont ce qui me passionnent : le C60, les nanotubes de carbone, et enfin le graphène.

Comment avez-vous contribué à la création de Carbon Waters ?

AP : Avec Carlos Drummond, nous avons consacré plusieurs années de travail sur l’isolation du graphène par la méthode top-down d’exfoliation chimique. En fait, l’histoire de Carbon Waters est l’aboutissement d’un long processus de recherche très fondamental.

Au début des années 2000, j’avais l’idée qu’un sel de nanotubes de carbone, c’est à dire un nanotube de carbone chargé négativement, pourrait être soluble, contrairement à un nanotube de carbone neutre. Pierre Petit, Directeur de Recherche à l’Institut Charles Sadron de Strasbourg, avait synthétisé des sels de nanotube de carbone et m’en a envoyé. Nous avons tenté l’expérience, notamment avec Brigitte Vigolo et Eric Anglaret (de l’Université de Montpellier) et ça a marché !

Par la suite, j’ai voulu tester la même chose avec le graphite. Le graphène ayant tout juste été découvert, je voulais faire partie des pionniers sur la recherche autour de ce nouveau matériau et notamment sur son processus de fabrication. Avec Cristina Vallés, puis Amélie Catheline et le soutien de Carlos, nous avons été les premiers à réaliser des solutions de graphénure !

Le système était complexe, puisque nous devions travailler dans une atmosphère inerte, sans oxygène ni humidité, en boîte à gants. Ensuite, il fallait pouvoir obtenir une solution stable, y compris en atmosphère ambiante. Grâce aux idées de Carlos et la ténacité de George Bepete, nous y sommes parvenus !

Et comment êtes-vous passé du stade de la recherche à l’entreprise ?

AP : Quand nous avons pris conscience du potentiel de ces dispersions de graphène stables dans l’eau, nous avons compris que cette innovation pouvait révolutionner le monde de l’industrie. Mais pour cela, il fallait franchir le cap et créer une structure d’entreprise.

Carbon Waters, c’est une histoire de sciences, certes, mais c’est aussi une histoire de personnes. C’est vraiment notre rencontre avec Alban Chesneau qui a tout changé. De plus en plus motivé et convaincu par le projet, il nous a aidé à nous lancer dans cette phase d’entreprenariat puis a pleinement assumé la responsabilité du projet en créant la start-up Carbon Waters fin 2017.

Aujourd’hui, vous restez proche de Carbon Waters et de son équipe ?

AP : Tout à fait. En plus d’avoir co-fondé la société, j’en fais toujours partie en tant qu’actionnaire, aux côtés notamment de Carlos et d’Alban. De plus, après demande au service de déontologie du CNRS, je suis autorisé à consacrer 20% de mon temps à Carbon Waters pour conseiller l’équipe sur divers sujets. Par exemple, je peux accompagner Rym sur des sujets qui touchent à la technologie et au procédé, mais aussi Thomas sur des questions autour de la stabilisation du graphène dans différents solvants.

Vous êtes également directeur de thèse ?

AP : En effet, avec Carlos, nous accompagnons Luna dans sa thèse CIFRE. Son sujet porte sur la stabilisation du graphène dans l’eau, et notamment sur la compréhension de ce phénomène. Un sujet hautement intéressant et important, pour la recherche comme pour Carbon Waters, mais qui nécessite beaucoup de temps. C’est là tout l’intérêt d’avoir une doctorante qui s’y consacre pleinement, car l’équipe technique Carbon Waters est déjà bien chargée en termes de R&D, de production et d’enrichissements.

Comment voyez-vous Carbon Waters aujourd’hui ?

AP : Aujourd’hui je suis bluffé par ce qu’est devenue Carbon Waters : 17 personnes dans l’équipe, une seconde levée de fonds, des contacts de plus en plus nombreux pour réaliser des études sur des applications industrielles… Au tout début de l’histoire, on n’imaginait pas que tout cela allait arriver !

Je suis très heureux de faire partie de cette belle société, qui a su garder la tête sur les épaules depuis le départ, grâce à Alban. Ça permet d’avancer doucement, mais sûrement, et c’est beaucoup plus sain pour une entreprise. Un extraordinaire savoir-faire s’est développé chez Carbon Waters, savoir-faire qui a toujours perduré malgré les arrivées et les départs dans l’entreprise. Luna a par exemple su produire de l’eau de graphène en à peine deux mois, grâce à la grande expertise de l’équipe !

Je suis également fier de voir Carbon Waters évoluer. Elle commence à être bien reconnue au niveau mondial également, ça permet de mettre en avant le savoir-faire et la fabrication française.

Comment envisagez-vous la suite pour Carbon Waters ?

AP : Ce que j’espère, c’est que Carbon Waters fournisse toujours plus de fabricants de revêtements, de peintures, en solutions « propres » grâce à ses produits à base de graphène. Aujourd’hui, trop d’additifs contenant du chrome sont utilisés pour l’anticorrosion, une véritable catastrophe environnementale ! On peut protéger beaucoup de matériaux grâce au graphène, il y a encore des progrès à faire du point de vue écologique.

Il y a aussi des ressources existantes pour utiliser du graphite issu de l’économie circulaire, que Carbon Waters est déjà en train d’étudier. Elle porte en elle cette vision d’un monde industriel plus « vert » et met en place de plus en plus d’actions pour y contribuer, un autre aspect que j’apprécie beaucoup dans l’entreprise.

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