Raymond Michel, 63 ans, est entré au comité exécutif de Carbon Waters en décembre dernier. S’il participe à l’organisation stratégique de la jeune startup, cet ancien ingénieur conseille aussi l’équipe chargée de concevoir le pilote de production. Portrait d’un mentor officiellement à la retraite, mais qui a gardé le goût de la transmission.
Vous affichez une longue carrière d’abord dans le secteur de la pétrochimie, puis dans les parfums en Suisse…
Raymond Michel : Diplômé de l’Insead, j’ai travaillé pendant 22 ans dans les branches Chimie d’Elf Atochem puis Total, avant d’intégrer Firmenich, leader mondial de parfums et arômes à Genève. J’y suis resté 16 ans, et je gérais toute la partie industrielle et opérations de procédés pour la division Ingrédients au niveau mondial. J’ai supervisé la construction de 8 usines dans le monde – en Inde, Amérique du Sud, Chine, France et Brésil. Un vrai défi industriel, technologique… et humain !
Qu’avez-vous appris en dirigeant des équipes à la fois pluridisciplinaires et pluriculturelles ?
RM : J’aime travailler en équipe, car c’est ensemble que nous pouvons transformer durablement les organisations et accompagner le changement. Cela demande un vrai sens de la pédagogie. A l’étranger, il faut savoir accepter les différences culturelles, tout en restant inflexible sur les valeurs et les standards de qualité, qui doivent être partagés par tous et partout. Je me souviens de la construction de l’usine en Inde, pour laquelle nous avions recruté des ouvriers locaux. Sur le chantier, des enfants marchaient pieds nus et des femmes en saris portaient de lourdes bassines en béton pour aider leurs maris. J’ai dû expliquer avec fermeté que l’on construisait une usine Firmenich en Inde, et non pas une usine indienne chez Firmenich !
Vous êtes à la retraite depuis septembre 2020. Pourquoi vous investir dans une startup comme Carbon Waters ?
RM : Je fonctionne beaucoup à l’affect, et j’avais envie de transmettre mon expertise en matière de concept industriel et de process de production. Carbon Waters est une startup agile, porteuse d’innovation, qui fait face aujourd’hui à des défis de croissance. J’ai à cœur de l’aider à se développer, grandir et conquérir de nouveaux marchés. C’est un nouveau défi, très stimulant intellectuellement.
Quel est votre rôle au sein de Carbon Waters ?
RM : Je viens d’intégrer le Board, et je participe aux grands choix stratégiques et organisationnels de la startup. En parallèle, je donne quelques heures de mon temps afin d’aider les équipes à concevoir l’unité de production. C’est un tandem gagnant-gagnant car chacun profite de l’expertise de l’autre. Les ingénieurs maîtrisent parfaitement le produit, et de mon côté, je sais designer un concept industriel et le mettre en production. Je vis donc une retraite active, entre Arcachon et Mérignac, famille et travail d’équipe, kitesurf et nano-particules…